MITTERRAND
TEL
QU’IL NE FUT PAS
Avertissement
L’idée
de cette étude remonte à bien longtemps ; à
la lecture d’un ouvrage de Guy Breton sur les livres mystérieux,
citant notamment Le Grand Erratum et Le Général
n’existe pas, ouvrages que le lecteur découvrira un peu
plus loin.
Dès
lors, mes recherches sur François Mitterand furent d’abord
livresques. J’ai beaucoup lu, du bon et du moins bon, de
l’apologétique au pamphlétique, du sérieux au
polémique, et ce du vivant même de François
Mitterand.
Sur
la fin de sa vie et de l’exercice de son pouvoir, que certains ont
dit shakespearien dans sa dimension tragique (usures du corps malade
et du pouvoir lassé), j’ai découvert l’humanité
du personnage. C’est un François Mitterand humain, trop
humain qui est apparût.
J’ai
toujours admiré la grande culture, l’appétit de
savoir, la brillante intelligence et le redoutable esprit politique
du personnage. J’ai abhoré ses secrets, ses revirements, ses
mensonges ; en un mot, ses faiblesses.
Il
est vrai que j’ai été élevé dans la
culture illusoire de l’excellence des élites. Enfant,
j’appris l’adulation plébienne de l’aristocratie
populaire qui place à la tête des peuples les meilleurs
de ses représentants. A l’école, on réverrait
les gouvernants ; à l’église, on priait pour que
Dieu les inspire.
J’imaginais
volontiers que les gouvernants sont méritants et exemplaires
et que cette exemplarité se traduisait par leur vertu sacrée
et leur perfection inaliénable.
Mitterand
m’a fait découvrir que la lutte pour le pouvoir politique
est incompatible avec une morale de petit-bourgeois et que la fin
justifie la plupart des moyens. Il n’est ni le premier politique,
ni le dernier à subir cette critique universelle des naïfs.
C’est un constat triste. Alors, pour m’amuser, j’ai décidé
que, puisque ceux que j’admirais n’étaient pas admirables,
c’est tout simplement qu’il n’étaient pas. Or, selon les
principes théologico-philosophiques longuement débattus,
l’essence précèdant l’existence: qui n’est pas,
n’existe pas.
La
démonstration pourrait se faire sans doute pour tel ou tel
autre homme politique. Mitterand est emblématique.
Chacun
comprendra donc que pour l’amuseur tout est permis et ce d’autant
plus que si l’on a pu écrire qu’il n’y eut pas
d’attentat contre le Pentagone le 11 septembre 2001 ou que la
bataille de Valmy n’a pas eu lieu, il est sans doute possible
d’affirmer que François Mitterand fut un maître de
l’illusion, particulièrement abouti.
Gérard
Manlussat.
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